L’histoire de Souleiado débute à la fin du XVIème siècle lorsque des tissus en coton colorés et durables provenant d’Inde arrivent au port de Marseille. Ces tissus, connus pour leur résistance au lavage, attirent rapidement l’attention des négociants et deviennent populaires sur le marché national et international. Ainsi est née la légende des indienneurs de Provence.
Les pionniers de l’indiennage
En 1648, face à une pénurie d’indiennes, Benoit Ganteaume et Jacques Baville ouvrent le premier atelier d’indiennage à Marseille, produisant des toiles de coton de qualité médiocre au début. La création de la Compagnie des Indes Orientales par Colbert en 1664 donne un coup de pouce significatif à cette industrie. Colbert encourage les importations et fait venir des techniciens arméniens à Marseille, améliorant ainsi la qualité des produits locaux. Marseille devient rapidement un centre reconnu pour son savoir-faire en indiennage, suscitant des imitations dans d’autres villes comme Avignon, Arles et Nîmes.
Apogée et déclin
Marseille atteint son apogée en 1754 avec une quinzaine d’entreprises d’indiennage. Toutefois, la guerre de Sept Ans provoque une crise économique qui conduit à la délocalisation des entreprises vers la Provence. Les cotonnades imprimées deviennent très populaires en France, mais c’est en Provence qu’elles trouvent leur plus grand marché. Les motifs floraux et les couleurs vives deviennent des éléments distinctifs de cette mode.
Le début du XIXème siècle marque le déclin de l’industrie due à la concurrence alsacienne et anglaise. À la fin du XIXème siècle, il ne reste plus qu’une seule fabrique d’indiennes en Provence : la Manufacture Jourdan à Tarascon, qui deviendra plus tard Souleiado.
Naissance de Souleiado
En 1806, Jean Jourdan crée la Manufacture Jourdan à Tarascon. Malgré des difficultés financières, son fils Mathieu reprend l’entreprise et la dirige jusqu’en 1882. Paul Véran, un négociant en indiennes, reprend la manufacture et enrichit son fonds de dessins et de planches d’impression. En 1916, Charles Henri Deméry, un pharmacien passionné par cette industrie, sauve la manufacture Véran, devenue la Manufacture Deméry.
En 1937, Charles Deméry reprend l’entreprise et crée la marque Souleiado en 1939. Avec sa femme Hélène, il développe des collections de vêtements qui rencontrent un grand succès. Dans les années 1950, Souleiado devient une marque internationale avec des points de vente dans le monde entier. Cependant, les années 60 voient une stagnation de la marque.
Renaissance et défis modernes
À la fin des années 70, l’arrivée de la créatrice Chantal Thomass au bureau de style relance la marque, qui rejoint alors le club des marques de luxe. À la mort de Charles Deméry en 1986, Souleiado compte plus de 2000 points de vente dans le monde. Toutefois, ses successeurs peinent à maintenir cet héritage, et l’entreprise décline progressivement.
En avril 2009, Souleiado est reprise par Daniel et Stéphane Richard, deux provençaux d’origine, qui redonnent vie à la marque. Une nouvelle équipe explore le riche patrimoine de l’entreprise, réanimant l’esprit des indienneurs provençaux. Aujourd’hui, Souleiado renoue avec son héritage tout en se modernisant, symbolisant le retour du soleil après la pluie.
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