Le vin est l’un des produits qui incarne le mieux l’art de vivre à la française. L’excellence des vins hexagonaux fait en effet rayonner notre pays aux quatre coins du monde depuis des décennies, voire des siècles. La fin de l’été marque une période charnière pour les professionnels du secteur viticole puisqu’elle sonne le temps des vendanges. Une étape qui cause chaque année bien du souci aux producteurs après une année entière de travail à lutter contre les aléas climatiques.
Cette année encore, la météo n’a pas été clémente avec les viticulteurs qui doivent en plus composer avec le contexte sanitaire et économique actuel lié à la crise du COVID 19. Trouver de la main d’œuvre, mettre en place des mesures préventives et réussir ses vendanges tout en essayant de soutenir l’économie française et de préserver un savoir-faire hexagonal… La tâche s’avère compliquée, mais pas impossible !
Une année de challenge
Comme l’an dernier, le recrutement de la main d’œuvre pour les vendanges s’annonce complexe à cause de la crise sanitaire. Sur les 400 000 emplois saisonniers créés chaque année pour la récolte du raisin en France, un quart est occupé par des travailleurs étrangers.1 Ils viennent de Pologne, de Bulgarie ou d’Espagne et contribuent à gonfler les effectifs dans les vignes françaises. L’an dernier déjà, il avait été compliqué pour les vignerons français de faire venir cette main d’œuvre étrangère à cause de la fermeture de certaines frontières.
En 2021, l’incertitude est encore au rendez-vous. L’instauration du pass sanitaire pour pouvoir traverser les frontières européennes risque de diminuer considérablement le nombre de candidats étrangers aux offres d’emplois saisonniers. En Champagne, on s’inquiète puisqu’un un tiers des travailleurs viennent habituellement de Bulgarie. Les vignerons craignent que les populations d’Europe de l’Est refusent de se faire vacciner, même pour travailler. Il faudra donc recruter principalement des vendangeurs français, mais ils manquent souvent à l’appel. Les propriétaires de parcelles devront également mettre en place des mesures préventives pour éviter la propagation du virus pendant la récolte.
Mesures préventives contraignantes et coûteuses
Avant, pendant et après le travail, les vignerons doivent veiller à faire respecter quelques règles. La distanciation sociale est de rigueur. Il faut donc éviter les bus de 30 à 40 personnes pour les déplacements entre les différentes parcelles, et préférer des trajets avec des véhicules moins remplis voire des moyens de transport personnels.
Les pauses déjeuner doivent être organisées en conséquence ainsi que les hébergements. Dans les vignes, les travailleurs devront partir en décalé (pas de face à face) et veiller à rester espacés d’au moins un mètre. Le matériel devra être désinfecté et pour les machines agricoles, la présence en cabine devra être limitée à une personne.
Outre une organisation et une anticipation particulières, toutes ces mesures (détaillées dans un document édité par la MSA, la sécurité sociale agricole) entraînent un surcoût estimé à environ 10% par rapport à des vendanges classiques.2
Certaines régions vont jusqu’à simplifier la vaccination pour les professionnels afin d’assurer la tranquillité des travailleurs. C’est le cas dans l’Aube, dans la petite ville de Champignol-lez-Mondeville où un « vaccibus » a stationné quelques temps pour être sûr que les viticulteurs, leurs familles et leurs employés permanents aient la possibilité d’obtenir leurs deux doses de vaccin avant le début des vendanges. D’autres préfèrent se tourner vers la mécanisation pour pallier le manque de main d’œuvre et éviter la lourdeur des mesures sanitaires.
Des vendanges sans vendangeurs
Les machines à vendanger permettent aux viticulteurs d’assurer leur récolte en cas de manque de main d’œuvre. Certains les achètent, d’autres les louent, mais ce qui est sûr c’est que la mécanisation s’accélère. Chaque année, il se vend entre 500 et 600 nouvelles machines.3
La technologie et le savoir-faire et français sont d’ailleurs largement plébiscités. Les trois principaux constructeurs mondiaux sont nés en France. Si Braud – installé en Vendée – et Grégoire – en Charente – ont été rachetés par des industriels étrangers, Pera-Pellenc est toujours 100% bleu blanc rouge. L’entreprise créée en 1973 est aujourd’hui la propriété du groupe français Edify et emploie 1 800 salariés à Florensac, dans l’Hérault.
Ces machines à vendanger peuvent sauver des récoltes lorsque la météo est capricieuse au moment des vendanges. Elles permettent en effet de récolter le raisin plus vite et à moindre coût. Elles ont parfois mauvaise presse, surtout auprès de ceux qui souhaitent perpétuer la tradition des vendanges à la main.
La récolte des grappes à la main représente encore 30% de la production4 et là aussi, il est possible de travailler avec du matériel fabriqué en France. L’entreprise Infaco fabrique des sécateurs électriques depuis plus de 35 ans. Détentrice du label Origine France Garantie, elle est installée à Cahuzac-sur-Vère dans le Tarn et emploie une centaine de salariés. Inventeur du premier sécateur électrique, Daniel Delmas a créé cette entreprise en 1984 qui distribue aujourd’hui ses produits dans plus de 45 pays. Côté récipients, l’entreprise CNTT est quant à elle spécialisée dans les contenants en plastique. Installée en Saône-et-Loire, elle conçoit, fabrique et commercialise tout une gamme de seaux à vendanges, de caisses plastiques et de matériel spécialisé. De quoi assurer des vendanges 100% Made in France !
Produire du vin et travailler la vigne n’est déjà pas un travail aisé ; tant pour les vignerons que pour les vendangeurs. Le contexte actuel ne leur facilite pas la tâche mais nous pouvons compter sur la détermination de nos producteurs français, portés par l’amour qu’ils ont pour leur métier et leur volonté de continuer à mettre en valeur le terroir tricolore. Gageons que 2021 soit encore un bon millésime pour tous les vins de France et que 2022 offre un peu de répit au secteur viticole.
Sources :
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