A l’heure où le virus COVID-19 et la grippe aviaire paralysent le globe, la France peut s’enorgueillir de posséder un réseau de veille sanitaire à la pointe de la surveillance. En effet, grâce au réseau SAGIR, composé de scientifiques, de naturalistes et du monde cynégétique, la faune sauvage est ainsi surveillée afin de prévenir ou alerter en cas de pandémie sur cette dernière.
Né d’un partenariat entre la Fédération Nationale des Chasseurs (FDC) et ses satellites que sont les les Fédérations Régionales et Départementales et de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage – devenu depuis peu Office Français de la Biodiversité (OFB) – cette association des forces vives du milieu cynégétique datant de 1955 a vu une consolidation de ses prérogatives en 1972 avant de connaître sa dimension actuelle en 1986 et adopté le nom de SAGIR qui est la contraction de Surveiller pour agir.
Maurice Reydellet, le créateur de SAGIR :
L’idée de créer le réseau SAGIR est née dans la tête de Maurice Reydellet alors Président de la FDC des Hautes Alpes et directeur des services vétérinaires. Ce dernier présenta en 1952 un rapport sur les intérêts patrimoniaux, économiques et sanitaires d’une surveillance des maladies du gibier en France. Le Conseil Supérieur de la chasse créa alors en 1955 un dispositif de surveillance de mortalité des oiseaux et des mammifères sauvages. Ainsi naquit le réseau SAGIR !
Qui compose le réseau SAGIR ?
Sur le terrain concrètement, il s’agit d’un réseau d’acteurs et de spécialistes en santé animale, en biosécurité, en maladie dites exotiques, ainsi qu’en toxovigilance, qui participent à la bonne gestion des crises épidémiologiques impliquant le monde animal. Désormais administré et animé par l’OFB, le réseau SAGIR est surtout fondé sur la vigilance des lanceurs d’alerte sur le terrain que sont en autre les agriculteurs et les chasseurs.
Quelles actions de prévention sur le terrain ?
Les objectifs du réseau sont au nombre de quatre. Ainsi, cela commence par la détection de maladies nouvelles pour la faune sauvage. Les observations de mortalité suspecte d’animaux comme cela a été le cas durant l’épizootie de grippe aviaire H1N1 a été le fait d’armes le plus marquant. S’ensuit le deuxième volet qui est la détection de possibles agents pathogènes transmissibles à l’homme et/ou partagés avec la faune sauvage et les animaux domestiques. De plus, la surveillance des effets non intentionnels de produits phytopharmaceutiques sur les oiseaux et mammifères est aussi observée. Enfin, la caractérisation des maladies animales ayant un impact sur la santé des populations est l’enjeu final de prévention de cette veille sanitaire.
Les chasseurs et agriculteurs exercent une veille sanitaire en assurant une vigilance dite opportuniste. Ainsi, chaque cas de mortalité suspecte ou morbidité anormale d’animaux doit être remonté à l’échelon supérieur qu’est la FDC ou l’agence OFB de son département. Le chasseur n’a pas à présumer de l’étiologie mais simplement avertir et prendre des photos. Il prévient juste de tout évènement sanitaire. Les techniciens des FDC ou de l’OFB font alors la collecte et s’appuient sur un service de proximité comme les laboratoires départementaux d’analyses vétérinaires ainsi que des laboratoires spécialisés pour diagnostiquer les causes de mortalité.
Ce réseau peut être renforcé en fonction du danger potentiel dû aux espèces à risque comme le sanglier en zone frontalière de l’est de la France avec la peste porcine africaine ou dans le cas de périodes à risques avec les migrations d’anatidés en temps d’influenza aviaire.
Les cas numériques
On appelle « cas numérique » des supports photos ou vidéos concernant des animaux viables ou non transportables mais qui ont des signes cliniques de maladie. Le diagnostic est alors appelé “diagnostic différentiel et hiérarchisé”.
Véritable maillage de veille sanitaire, le réseau SAGIR assure une veille sanitaire afin de protéger la faune mais aussi l’homme ainsi que son économie. Et cela ne peut se faire sans l’observation des hommes de terrain qui connaissent le mieux la nature et la vivent au quotidien. Voilà qui fait de SAGIR un exemple au niveau mondial en termes de sécurité publique et de protection des populations et de la faune.
Les principales épidémies qu’a dû gérer le réseau SAGIR :
- De 1986 à 1993 : l’EBHS (syndrome du lièvre brun européen-maladie hémorragique) avec plus de 1490 cadavres de lièvres autopsiés
- 1993 : intoxication de pigeons au furathiocarbe
- Depuis 1988 : la VHD sur le lapin,
- De 1992 à 2002 : la Peste Porcine classique,
- 2001 : Détection de la bactérie responsable de la tuberculose chez le cerf,
- De 2005 à 2006 : l’Influenza aviaire ou grippe aviaire H5N1 avec plus de 3800 oiseaux autopsiés,
- 2011 : détection de tularémie sur le lièvre dans le pas de Calais
- Depuis 2019 : la Peste Porcine Africaine
- 2020 : COVID-19 avec des cas sur des mustélidés et influenza aviaire H5N8
SAGIR en quelques chiffres :
- + de 1 million d’observateurs potentiels dont 1500 professionnels,
- 185 animateurs départementaux,
- 79 laboratoires de proximité,
- 60 000 cas déclarés depuis 1986,
- 205 espèces répertoriées.
Pour aller plus loin
Découvrez les initiatives en faveur de la biodiversité sur le site officiel du réseau SAGIR
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