Le plus grand delta d’Europe est une terre sauvage où le Rhône et la mer dictent leur loi et où l’agriculture n’est pas comme ailleurs. Ainsi, si elle est une halte migratoire pour bon nombre d’anatidés (cygnes, oies et autres canards), la Camargue est aussi une terre d’agriculture à haut potentiel, l’élevage de taureaux et de chevaux mais aussi la culture du riz ayant fait sa réputation depuis de nombreuses années.
Si la production de riz remonte à l’Antiquité, de l’Empire perse aux plaines marécageuses chinoises en passant par l’Inde, elle est devenue au fil du temps une référence faisant de la France un producteur réputé pour la qualité de cette céréale cultivée sur un territoire à cheval entre le Gard et les Bouches du Rhône.
La Camargue, seule région de France propice à la culture du riz
C’est à Henri IV que l’on doit le début de la culture du riz au XIVème siècle. Ce dernier demanda aux paysans de planter la céréale dans ces vastes terres de Provence le 23 août 1593 sur les conseils de son ministre visionnaire Sully. Si des essais furent tentés plus tard dans d’autres régions de l’Hexagone avec plus ou moins de succès, il s’est avéré que c’est bel et bien en Camargue que l’on cultive le mieux le riz grâce à son terroir privilégié. Ainsi, faibles écarts de température, luminosité intense et effets bénéfiques du mistral ont démontré que seul ce territoire pouvait produire un riz de qualité de manière optimale en France.
Et si la riziculture n’a eu longtemps pour vocation que d’absorber les crues et les caprices du Rhône, préparer les sols ainsi que nourrir les animaux de la ferme, il fallut attendre des années pour que le riz atterrisse enfin dans nos assiettes. La seconde guerre mondiale fut l’événement déclencheur pour que la culture du riz connaisse un réel grand essor : le blocage des échanges maritimes et le manque de denrées alimentaires donnèrent alors un coup de boost à cette céréale pourtant cultivée depuis déjà des siècles en France. On vit même des travailleurs indochinois venir soutenir l’effort de guerre faisant passer la superficie de terre dédiée à la culture du riz de 400 hectares en 1940 à plus de 3 000 en 1945.
De la croissance à l’IGP
Dès la sortie de la guerre, la riziculture connut une véritable explosion en Camargue sous l’impulsion d’Edmond Clausel, président du Syndicat Professionnel Agricole d’Arles qui bénéficia du Plan Marshall. Tout fut entrepris pour mettre les bouchées doubles : nivellement de nouvelles terres, constitution de réseaux d’irrigation et de drainage, création de stations de pompage et acquisition de tout le nécessaire pour le stockage et la transformation du riz. A partir de 1950, le riz pousse désormais sur 32 000 hectares. La surface camarguaise correspond donc à la moitié de la sole céréalière française ! Produit authentique, le riz de Camargue obtient une Indication Géographique Protégée (IGP) en 2000. Une garantie pour le consommateur sur la qualité de la production grâce à un cahier des charges des plus strictes pour le producteur ainsi qu’une reconnaissance pour les agriculteurs qui le produisent.
Actuellement en léger déclin, la culture du riz n’en demeure pas moins une référence faisant du riz de Camargue un produit simple mais surtout à haute valeur environnementale et patrimoniale.
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